 Par Gilles Duthil
Président
Institut SilverLife
Un entrepreneur du vieillissement nommé Joseph PUZO
Michel GODET, professeur au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), titulaire de la chaire de prospective stratégique, rappelle dans son dernier ouvrage Bonnes Nouvelles (Éditions Odile JACOB) la bonne nouvelle que représente l'augmentation de l'espérance de vie de 40 ans depuis 1900 en même temps que celle du niveau de vie moyen des Français. Il décrit les évolutions en cours au sein de la société française portées par des hommes et femmes de terrain qui au-delà de toute attente et parfois à partir de handicaps lourds ont su rebondir à partir d'eux-mêmes et d'un projet innovant bénéfique à tous.
Concernant l'économie du vieillissement, Joseph PUZO, le PDG d'Axon Cable, fait partie incontestablement de cette catégorie des "entrepreneurs du futur" décrite par Michel GODET.
En 1980, Joseph PUZO, ingénieur électronicien de formation qui a débuté chez IBM termine, sa formation à l'INSEAD. Il répond à une petite annonce pour devenir directeur d'une usine de fabrication de câbles isolés par du Téflon en plein milieu de la campagne champenoise à Montmirail (51). En 1985, Joseph PUZO convainc le Groupe Volvo de lui céder l'entreprise dans le cadre d'un RES (Rachat de l'Entreprise par les Salariés), dispositif financier récemment autorisé par la loi. Il mise tout de suite sur la R&D pour faire de sa société, au départ sous-traitant sans grande valeur ajoutée, un leader mondial référence dans les secteurs de pointe (fournisseur de Ariane Espace notamment).
De 100 salariés et une usine, il fait de sa société un groupe présent aux deux tiers à l'international avec 1 600 salariés et plusieurs établissements. Un groupe cité par les pouvoirs publics et le Président de la République lui-même lors de son déplacement à Montmirail du 15 février 2011 comme un exemple de la réindustrialisation nécessaire de la France au travers d'un tissu d'ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire, championnes dans leur secteur).
Après un tel bilan, Joseph PUZO aurait pu décider de s'arrêter là.
Mais l'analyse des relais de croissance possibles pour AXON Cable, et la situation particulière de Montmirail (confronté aux problèmes de démographie médicale et l'éloignement par rapport aux centres universitaires de référence), le poussent à investir dans la télémédecine. Il participe en 2008 au rapport sur la télémédecine rédigé par l'Académie des Technologies avec une conviction forte : « la télémédecine est un problème organisationnel et non un problème technique ».
Il investit donc dans la recherche, mobilise les acteurs au niveau national et surtout régional bénéficiant tout de suite du soutien du Conseil Régional de Champagne Ardennes et des collectivités territoriales.
La maison du gardien du Château de Montmirail est transformée en maison témoin des aménagements à réaliser avec les solutions technologiques pour l'autonomie (Pack Domocare) ; la future maison médicale de Montmirail est pensée dès le départ comme connectée en haut débit avec tous les acteurs de santé locaux et les centres universitaires de référence.
Condition d'un développement industriel, les solutions Domocare proposées s'appuient sur une technologie de pointe mais avec le souci d'une très grande accessibilité à la fois pour les professionnels (électriciens, domoticiens…) et les utilisateurs finaux. L'accessibilité financière avec un abonnement de base minime est aussi au cœur du projet de Domocare.
De handicaps forts (territoire rural éloigné des grandes métropoles et centres universitaires, vieillissement annoncé de la population, problèmes de mobilité…), Joseph PUZO a su faire, en s'appuyant sur un investissement dans la R&D et les infrastructures collectives de type réseau de télémédecine, une force pour son projet innovant Domocare.
Un exemple à suivre pour accélérer l'émergence de l'économie du vieillissement en France. |
Alors que la France s'engage sur la création d'une 5ème branche de protection sociale dédiée à la dépendance, il est important de s'interroger sur la définition du CARE*, et de comparer la vision française avec celle d'autres pays.
