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N° 46 - mars 2013


EDITO

Par Benoit PERICARD,
Président de l'Institut Silverlife

Le vieillissement au vu
et au su de tous

Confiné pendant des années dans un silence un peu honteux, le vieillissement fait désormais la une. Le sujet serait-il devenu tendance ? Ou alors, pour une fois, le retentissement médiatique correspondrait-il vraiment à une problématique de fond ? Il est difficile de faire la part des choses à ce stade qui est celui de la discussion, du débat public. Silverlife compte bien y tenir sa place, celle d'un pionnier qui a attiré l'attention, qui a suscité des débats, qui a exploré des solutions et dont les membres souhaitent être des acteurs du vieillissement actif.

Honneur à notre vice-présidente, Evelyne GAUSSENS, directrice -mais j'écrirais plus volontiers inspiratrice- de l'hôpital Les Magnolias dans l'Essonne. Si certains s'interrogent parfois sur la distance entre l'utopie et la réalité, la vie des résidents-patients de cet établissement témoigne qu'il est possible de prendre en charge la déficience et la fragilité du grand âge dans le respect des personnes et celui des finances sociales. Le bel article du Monde (Lire l'article) mettait en exergue un personnel formé aux méthodes d'accompagnement permettant de diminuer sensiblement et durablement les doses de médicaments. Une autre particularité des Magnolias est sa dimension territoriale avec le réseau tressé avec les EHPAD qui fait bénéficier ces établissements des progrès, par une forme de contagion positive. Le seul "hic" est que cette attitude n'est pas encouragée par l'actuelle tarification : voilà une piste concrète de réforme qu'il est temps d'expérimenter et d'évaluer.

Trois rapports ont été remis concomitamment au Premier Ministre et à la Ministre des Personnes Agés et de l'Autonomie. Le plus remarqué est celui de Luc BROUSSY ("L'adaptation de la France au vieillissement ; France année zéro") sans doute parce qu'il comporte des propositions très concrètes comme le maintien des bancs publics ou le macaron pour les conducteurs âgés. Surtout ne nous gaussons pas, par un travers bien français, de ce qui peut apparaitre comme des mesurettes alors qu'elles font partie d'un ensemble cohérent et surtout qu'elles sont susceptibles d'améliorer au quotidien la vie des aînés et partant, la nôtre. Mais le sous-titre du rapport sonne comme une alarme : la France serait sur le point d'être... en retard. Prévenus, nous n'aurons pas d'excuses si nous constatons dans quelques années que, décidément, le passage du concept au réel est en France trop long et difficile. Nous reviendrons dans nos travaux et nos réflexions sur ces propositions ainsi que sur les perspectives internationales tracées par Martine PINVILLE et sur la prévention du vieillissement confiée au gériatre Jean-Pierre AQUINO.

L'encre à peine séchée des rapports sur la fin de vie, de la proposition peu conformiste du Contrôleur général de lieux de privation de liberté d'intervenir dans les EHPAD, en attente des propositions BERGER/LEFEBVRE sur l'épargne financière : serions-nous en overdose de matière à la réflexion ? Outre le dicton bien senti "abondance de biens ne nuit pas", tentons de déceler l'essentiel de l'accessoire : c'est le rôle de l'Institut que, plus que jamais, je vous invite à rejoindre, à titre collectif et individuel.

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Vieillissement : le risque de paupérisation est tout aussi important en Asie que dans notre monde occidental
Par Lionel TOURTIER, Délégué général de l'Institut Silverlife

Alors que le centre de gravité économique a basculé en grande partie sur l'Asie, continent de toutes les promesses de croissance, un article intéressant de la revue Futuribles du 23 mars ("L'avenir des retraites en Asie") nous rappelle que les choses ne sont pas si simples, au regard des prévisions de vieillissement des populations de la zone asiatique. Se fondant sur un document du CSIS publié en 2012 sous le titre de "Balancing Tradition and Modernity: The Future of Retirement in East Asia", Vinh Yann nous met en alerte sur les conséquences du vieillissement dans cette zone.

En effet, nous le savions déjà, le Japon et la Chine, sans oublier la Corée du Sud, pour ne citer que les principaux, montrent des évolutions préoccupantes en matière de taux de natalité. Très récemment d'ailleurs, le Gouverneur de la Banque Centrale de Corée avait estimé que les conditions d'immigration devaient être assouplies afin de faire face à un taux de fertilité des femmes de 1,01. D'ici 2050, le nombre de personnes de 60 ans et plus représentera pratiquement 40% de la population Sud-Coréenne ! Même cri d'alarme en février en Chine, où le taux de croissance de la population âgée de 20 à 39 ans est tombé à zéro en 2010, avec une accélération de la baisse engagée : il est prévu que ce taux de croissance fléchisse plus rapidement que le recul de la population en âge de travailler d'ici à 2035. A cette date, la population de moins de 14 ans ajoutée à celle des plus de 64 ans représentera plus de 50 % de la population. Et si l'on prend le Japon, environ 23% des Japonais sont âgés de 65 ans ou plus, une proportion unique dans le monde. Si le taux de naissances continue de baisser, ils seront plus de 40% en 2060. Un sérieux coup d'arrêt à la croissance économique !
Toutes les agences de notation scrutent ces réalités qui vont conditionner les niveaux de rating des dettes souveraines de ces Etats...

40 %, 50 %... nos propres prévisions en France sont finalement moins inquiétantes, même si les effets sur la croissance économique seront sans doute plus négatifs en l'état actuel de notre faible potentiel de productivité.

Mais ce que nous indique surtout la note de veille de Futuribles, c'est la transformation en profondeur du rôle de la famille dans ces régions où traditionnellement entre 35 et
65 % des personnes âgées de 60 ans et plus vivent sous le même toit de l'un ou de plusieurs des enfants qu'ils ont élevés. Néanmoins, ce rôle de la famille s'est amoindri au cours des dernières décennies et l'étude révèle les pressions qui sont à l'œuvre pour le réduire davantage, allant vers un modèle plus individuel de la prise en charge de sa retraite. "Plutôt que sur l'éthique confucéenne ou la solidarité familiale, les futurs retraités devront compter sur eux-mêmes" précise l'auteur de Futuribles.

Cette évolution, qui s'est déjà manifestée au Japon, pourtant encore très traditionnaliste dans la prise en charge des aînés par les enfants, en particulier le fils aîné, ouvre une question plus préoccupante que celle des contingences sociologiques : celle de la paupérisation rapide des personnes âgées, ce qui pourrait constituer un choc social et politique aux conséquences dramatiques, c'est-à-dire une crise humanitaire.

Ne croyons pas que dans notre monde occidental, nous serions préservés de tels risques au regard de notre niveau de vie et de notre patrimoine, souvent survalorisé, que ce soit au plan de l'immobilier ou des marchés financiers...

Concernant la retraite, le modèle de financement par répartition peut fonctionner dans un contexte de croissance rapide de la population et de forte hausse des salaires, mais les contraintes démographiques et économiques auxquelles sont désormais confrontés les pays d'Asie orientale imposeront certainement, du moins c'est l'avis de l'auteur de Futuribles, l'instauration d'un régime de retraite par capitalisation.

L'Institut va organiser un voyage d'étude professionnelle en Corée sur l'économie du vieillissement, du lundi 26 août au vendredi 30 août. Les personnes intéressées peuvent déjà prendre contact. Une information sera prochainement diffusée sur le programme d'étude prévu.



Politiques publiques

Le contrat de génération est un pacte générationnel qui unit un jeune en recherche d'emploi, un senior actif et une entreprise. Le décret relatif aux modalités de mise en oeuvre vient enfin d'être publié le 16 mars, après le vote de la loi du 1er mars 2013. Le ministère du Travail a ouvert le lundi 18 mars un site Internet dédié : contrat-generation.gouv.fr.

Les employeurs pourront y trouver et déposer le formulaire de demande d'aide à Pôle emploi, effectuer leur actualisation trimestrielle, trouver des modèles d'accord collectif ainsi que des informations pratiques. Une FAQ répond aux principales questions sur ce nouveau dispositif qui coûtera 180 millions en 2013 et 920 millions d'euros par an ensuite en rythme de croisière, au plus fort de sa montée en charge, selon les projections du ministère.
Le gouvernement compte sur la signature de 500.000 contrats de génération, soit un million de personnes concernées. Une campagne promotionnelle sera également lancée à compter du 15 avril (coût de 1,9 million d'euros). Un plan de déploiement du dispositif sera mis en œuvre, par l'intermédiaire des fédérations professionnelles, des chambres de commerce, des experts-comptables et des services de l'État qui pourront effectuer des déplacements auprès des entreprises.

Le risque est cependant de voir le contrat de génération n'être qu'un dispositif supplémentaire d'emploi aidé et non le marqueur d'un changement dans la politique des âges au sein des entreprises, ambition exprimée à l'origine par le Président de la République.



"Le secteur des gérontechnologies, une chaine de valeur pas encore suffisamment mature en France"
Par Clémence DIKANSKY, étudiante à Sup de Co Reims (REIMS MANAGEMENT SCHOOL), auteure d'un mémoire sur "Les conditions de l'essor du marché des gérontechnologies aujourd'hui en France", Février 2013.

Le secteur des gérontechnologies en France, est en majeure partie composé de porteurs de projets individuels, de start-up et de PME de 1 à 20 salariés). Et même si, de grands groupes industriels commencent à concevoir des produits à destination des personnes âgées fragilisées, ils restent minoritaires. Cette première caractéristique a des répercussions sur la façon dont sont conçus les produits.

Lire l'article sur le site de l'Institut

Contributions de l'Institut au débat public

Marisol TOURAINE, Ministre de la Santé, a lancé en septembre 2012 une grande consultation sur l'avenir de l'hôpital public confié à Raoul COUTY.

L'Institut a été consulté sur le thème "Accueil des personnes âgées à l'hôpital : quelles urgences ?". En effet, le vieillissement massif de la population n'est pas seulement un enjeu médical, gérontologique, sociologique, c'est aussi une question d'ordre économique au cœur de la nouvelle organisation à imaginer pour le système de santé en France et en Europe. La souffrance des personnes âgées, de leur entourage et des professionnels, mais aussi la dérive du budget consacré par la collectivité, devraient amener les Pouvoirs Publics à revoir un certain nombre de choix opérés dans les années 1970.

Les propositions de l'Institut



Conférence AssurFinance 2013 - 9 avril 2013


ActuariaCnam, en partenariat avec le pôle EFAB du CNAM, l'institut SilverLife et Génération ERIC, organise le mardi 9 avril 2013 de 8h15 à 12h45 un petit-déjeuner conférence.
A la croisée de la finance et de l'assurance, quelles sont les solutions qui permettent d'améliorer le sort des investisseurs, des assureurs et réassureurs ? Quelles sont les pistes de création de valeur qui complètent l'existant et qui mobilisent à la fois les financiers et les assureurs ? Quels sont les bénéfices pour les assurés, les retraités, les entreprises et la société en général ? Les intervenants proposeront leur éclairage d'experts sur la stratégie d'allocation d'actifs dans l'assurance, l'assurance de portefeuille avec la méthode TPPI, les Catastrophe Bonds, les Cat options, la couverture financière du risque de mortalité et l'assurance climatique.

Entrée gratuite sur inscription en ligne (places limitées).
Lieu de la manifestation : 292, rue Saint Martin - 75003 Paris.

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L'Institut est un lieu de réflexion, en même temps que de confrontation, sur les questions posées à la société et à l'individu par le vieillissement en France et en Europe. L'objectif de l'Institut est de dégager des propositions concrètes à des problèmes récurrents liés au vieillissement.

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Directeur de publication : Benoit PERICARD
Ont participé : Gérard BOUQUET, Pascal DIEBOLT, Gilles DUTHIL, Mohammed MALKI, Bruno RIVALS, Lionel TOURTIER
Réalisation : Ad tatum

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